Imaginez une personne arrêtée simplement parce qu’on la soupçonne d’être homosexuelle. Imaginez-la enfermée, insultée, puis contrainte de se déshabiller face à des policiers, à des médecins, à un juge. Imaginez qu’on l’attache et qu’on introduise dans son corps un instrument médical sous prétexte d’“examen judiciaire”. Imaginez que cela se répète, encore et encore, avec la bénédiction silencieuse de tout un appareil d’État. Cela ne se passe pas en 1950. Cela ne se passe pas dans un roman dystopique. Cela se passe aujourd’hui, en Tunisie, en 2025.

Ce que vous allez lire dans le document joint à cet article n’est pas un pamphlet. C’est un signalement officiel transmis au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), rédigé par Maître Mounir Baatour, avocat au barreau de Marseille et président de l’association tunisienne Shams, engagée pour la défense des droits des personnes LGBTQ+. Ce texte accuse l’État tunisien d’organiser, autoriser et couvrir des actes de torture à caractère sexuel, notamment à travers la pratique des examens anaux forcés, un supplice d’un autre âge infligé à des citoyens tunisiens au seul motif de leur orientation sexuelle présumée.

Ce n’est pas un fait divers. C’est une politique. Une mécanique judiciaire bien huilée. Une attaque systématique contre une population civile.

Le document détaille des dizaines de cas, des témoignages, des noms de médecins, de magistrats, de fonctionnaires de police. Il explique comment ces pratiques barbares sont justifiées, organisées et institutionnalisées à travers une législation toujours en vigueur — notamment l’article 230 du Code pénal tunisien — et une culture d’impunité profondément enracinée.

Ce texte démontre avec rigueur que ces actes répondent à la définition juridique de crimes contre l’humanité : torture, persécution, traitements inhumains et dégradants. Il démontre aussi que la Tunisie, État signataire du Statut de Rome, peut et doit être poursuivie pour ces crimes devant la CPI.

Mais au-delà du droit, au-delà de la technique juridique, ce signalement est un cri humain, un acte de vérité, un appel à réveiller les consciences et à mettre fin au silence.

Nous vous invitons à lire l’intégralité de ce document essentiel. Car ce qui s’y trouve ne peut plus être ignoré. Ce n’est pas seulement un texte de juriste. C’est un acte de résistance. C’est la parole de victimes qui réclament justice. C’est la honte d’un pays qu’on aimerait voir debout, mais qu’on découvre agenouillé devant la barbarie.

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