C’est un crime systémique, une ignominie légalisée, un déshonneur national. La République tunisienne, au XXIe siècle, pratique encore la torture médicale sur ses propres citoyens, sous couvert de justice pénale. Cette barbarie a un nom : les examens anaux forcés. Pratiqués sans consentement, sous la menace ou la contrainte policière, ces actes ne sont rien d’autre que des violences sexuelles ordonnées par l’État, visant spécifiquement les personnes homosexuelles réelles ou supposées.
Dans une plainte historique déposée devant la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, Maître Mounir Baatour, agissant au nom de l’Association Shams, dénonce l’impensable : une politique délibérée, coordonnée et couverte au plus haut niveau de l’État tunisien, visant à traquer, humilier, torturer et criminaliser des individus pour leur orientation sexuelle.
Les faits sont accablants. Des juges d’instruction ordonnent des expertises sexuelles. Des médecins légistes comme Mehdi Ben Khelil, Mohamed Allouche, Moncef Hamdoum ou encore Ilyes Turki exécutent ces viols médicaux, sans fondement scientifique, sans justification légale, et en totale violation des normes éthiques internationales. Des adolescents, des adultes, parfois mineurs, sont attachés, pénétrés, examinés, jugés, condamnés. Tout cela au nom d’un article honteux du Code pénal tunisien – l’article 230 – vestige colonial d’une époque de persécutions.
Malgré les avertissements du Comité des Nations Unies contre la torture, de l’Ordre des médecins tunisien, de la Haute-Commissaire aux droits de l’Homme et d’innombrables ONG internationales, l’État tunisien persiste, s’enfonce, réprime et se rend complice, chaque jour, de traitements reconnus comme inhumains, dégradants et constitutifs de torture.
Et pour couronner cette infamie, la Tunisie, dans un acte de lâcheté politique, a retiré sa déclaration de compétence auprès de la Cour africaine en mars 2025, tentant ainsi de se soustraire à toute responsabilité internationale. Mais le droit, la vérité, la dignité des victimes et la lutte contre l’impunité ne seront pas enterrés aussi facilement.
Le document intégral de la requête déposée devant la Cour est disponible ci-dessous. Il ne s’agit pas d’un simple dossier juridique. C’est un acte d’accusation, un cri de révolte, une preuve glaçante que la Tunisie ne peut plus dissimuler sa brutalité derrière ses discours démocratiques.
L’heure de la honte est venue. L’heure de la justice approche.